Histoire
Bérénice est Reine de Judée, Titus a soumis Jérusalem. L’étrange amour qui lie l'empereur à Bérénice est tout le sujet de la pièce que Racine lui-même voyait comme une épure tragique. À mi-chemin entre l’intime et le politique, Célie Pauthe fait le choix d’une mise en scène toute en nuances qui s’offre un détour inattendu par l’oeuvre de Marguerite Duras.
Lors de la bataille de Judée, Titus détruit le Temple d’Hérode. Et pourtant, Bérénice l’aime et le suit à Rome, où il doit l’épouser. Le jeune Empereur tiendra-t-il sa promesse ? Et que deviendra Antiochus, lui aussi épris de Bérénice ? Célie Pauthe enchevêtre la partition racinienne avec des extraits de Césarée, un court-métrage de 1979 inspiré à Duras par la figure de la reine exilée. C’est donc via l’univers de Duras, sa prose, sa voix, son obsession des amoureuses radicales, que l’on aborde la pièce de 1670 et son thème antique, dans l’entrelacs des temps et des langages. Dans l’atmosphère feutrée d’un salon nimbé de voiles et enseveli de sable, portés par de grands acteurs, les alexandrins raciniens sont les armes acérées de la guerre que se livrent sous nos yeux l’amour et la raison d’État.